La femme lui tendit une Pokéball, et pour la première fois depuis longtemps Kazuo sentit une forte excitation monter en lui. Il avança une main et prit délicatement l'objet avant de l'observer longuement et sous toutes ses coutures.
Il releva les yeux lorsque le professeur lui offrit de l'argent (qu'il rangea dans une petite sacoche accrochée à sa ceinture) et un appareil qu'il reconnut comme un Pokédex, bien que ce fut la première fois qu'il en vit un véritable.
- Merci, murmura-t-il avec un regard reconnaissant.
Il n'osa pas appeler son Pokémon tout de suite, déjà quelque peu honteux d'avoir fait preuve d'un tel étalage de sentiments devant la femme. Il sortit donc du laboratoire en adressant à cette dernière un signe de la main.
Une fois dehors, Kazuo prit une grande inspiration, puis tendit la Pokéball devant lui avant de faire appel à son Héricendre. Et comme il s'y était attendu, le petit hérisson se matérialisa à ses pieds, lâchant un souffle las qui souleva légèrement la terre poussiéreuse.
Le jeune garçon observa son Pokémon en fronçant les sourcils, ne sachant trop quoi faire. Il opta finalement pour un ton autoritaire.
- Je suis ton dresseur à présent, Héricendre. Et j'ai bien l'intention d'aller très loin dans ce rôle, aussi je compte sur toi pour m'obéir comme il se doit.
Kazuo se sentait un peu gêné ; ainsi, il ressemblait à son père qui lui dictait son avenir. Mais le jeune Pokémon ne sembla pas intimidé le moins du monde : il se dressa du plus haut qu'il pu sur ses petites pattes arrières et toisa son nouveau dresseur avec insistance, comme pour le défier de douter de sa valeur.
Un lien se tissa aussitôt entre eux. Pas un lien d'amitié inébranlable comme souvent pour les dresseurs et leur Pokémon, mais quelque chose de diffèrent : comme si, à partir de maintenant, Kazuo et Héricendre chercheraient chacun, par tous les moyens, de prouver sa force, son intelligence et sa volonté face à l'autre.
Kazuo soupira enfin.
- Viens Héricendre. Pour commencer nous allons devoir nous rendre dans une boutique. On ne peut pas partir comme ça...
Et le petit hérisson partit sur les pas de son dresseur.